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Une incursion vers l’histoire « par en bas » : les villes ouvrières du premier XXe siècle (1986-1989)

Le point aveugle de la plupart des recherches sur l’action réformatrice et les politiques publiques dans le domaine de la ville, c’est l’objet ultime de celles-ci, c’est à dire la vie quotidienne, les formes d’organisation sociale et les représentations identitaires des populations sur lesquelles elles interviennent. L’étude de ces réalités ne peut être entreprise qu’en déplaçant radicalement le regard, ce qui est le propre de l’histoire sociale « par en bas », de la sociologie de terrain, de l’anthropologie, ou de la démographie historique. Dialoguer avec ces approches est indispensable si l’on regarde les « problèmes sociaux » comme des constructions historiques. Sans doute faut-il analyser les représentations du taudis, de la désintégration sociale ou du sous-emploi comme l’expression de relations pratiques entre les groupes qui parlent et ceux dont ils parlent, mais la question du statut de l’objet de ces discours ne peut être éludée. Ce sont de telles considérations qui ont conduit Susanna Magri et moi-même à mettre en place le séminaire « Villes ouvrières, 1900-1950 », afin de faire le point avec d’autres des acquis et des problèmes de recherche sur le thème des rapports entre espaces urbains et vie quotidienne. Le séminaire a constitué un lieu d’échange entre chercheurs qui abordaient, à partir de disciplines différentes, l’étude des relations entre les pratiques ouvrières et les espaces urbains dans la période considérée. La connaissance des changements des réalités familiales, du renouvellement des bases des solidarités professionnelles et de voisinage, celle des trajectoires sociales ou des mobilités spatiales sont apparues comme des préalables pour aborder de façon nouvelle les questions traditionnelles des idées et des pratiques politiques, de l’adhésion ou de la distance à l’égard des institutions représentatives, des partis ouvriers, des systèmes clientélaires, des politiques réformatrices. Toutefois, il ne s’est agi pour moi que d’une incursion : tous mes travaux ultérieurs sur la réforme urbaine et la réforme sociale ont porté sur les réformateurs et non sur leurs interactions concrètes avec leurs cibles. Ce sera sans doute leur principale limite.

Publications

Susanna Magri et Christian Topalov (coord.), Villes ouvrières, 1900-1950, Paris, L’Harmattan, 1989, 239 p.

Christian Topalov, « Pratiques ouvrières et changements structurels dans l’espace des grandes villes. Quelques hypothèses de recherche » (en collaboration avec Susanne Magri), in Susanna Magri et Christian Topalov (coord.), Villes ouvrières, 1900-1950, Paris, L’Harmattan, 1989, p. 17-40.